Spectacles

LOVETRAIN 2020 – Chorégraphie d’Emanuel Gat Dance

Après avoir fondé sa Compagnie en 2004 à Tel-Aviv, Emanuel Gat s’installe en 2007 en France où il trouve de plus en plus de notoriété dans la danse contemporaine. En présentant « Lovetrain 2020 » dans le Grand Auditorium de Palais des Festivals de Cannes, il prouve ses recherches sur des points de rencontres entre danse et musique, entre le visuel et l’auditif.

Tandis que la musique démarre crescendo, la scène est plongée dans une brume artificielle d’où seules émergent peu à peu les silhouettes des danseurs. Hommes et femmes sont vêtus d’immenses vêtements bouffants, sortes de jupes superposées aux couleurs variées. L’aspect d’un baroque chatoyant de leurs costumes évoque certaines peintures du Caravage ou de Delacroix, beaucoup plus tard.

LOVETRAIN 2020 ©JG

La brume se dissipant peu à peu, les danseurs se lancent dans une course folle où les entraîne la partition musicale des années 80 du groupe britannique Tears for Fears. Ce « Lovetrain 2020 » – une pièce pour 14 danseurs – démarre avec exubérance pour une chorégraphie à grande vitesse !

Les courses déchaînées des danseurs ne cherchent pas à illustrer la musique de cette sorte de comédie musicale d’aujourd’hui, où la rencontre, bien qu’éphémère, peut cependant être passionnée. Les danseurs se croisent, s’attirent, se rapprochent, se séparent, se repoussent, se rejettent et filent, chacun sur leur chemin dans une course folle.

Parfois la musique s’arrête, tandis que les mouvements des danseurs continuent sans aucun soutien musical, dans un silence total, sauf le bruit des pas sur la scène de l’immense auditorium. Chaque spectateur retient son souffle avant que la musique ne revienne, tonitruante et dynamique : des tubes des années 80 – époque particulièrement riche en compositions musicales – pour une ode chorégraphique aux sons et à l’atmosphère de cette glorieuse période. Chaque geste est en accord avec l’envol, puis la chute des sons quoique sans recherche d’illustration.

LOVETRAIN 2020 ©JG

Rien n’est artificiel, dans la gravité comme dans l’énergie joyeuse de ce parcours construit avec punch. La circulation commune ne laisse cependant guère chaque danseur se singulariser. Même si des marches légères alternent avec des courses puissantes, avant des pauses où chacun se love auprès d’un autre.

Dans cet univers pop-rock, la force du langage gestuel des danseurs est impressionnante, avec des accélérations avant des accalmies, tandis que la lumière fond doucement.

Voir la Cie Emanuel Gat est la découverte d’un univers insolite qui nous enthousiasme !

Caroline Boudet-Lefort