Brèves de lecture

Altitude, Alfons Alt

L’image surprend, rouge de beauté, comme du sang versé, éparpillé, étalé. Elle est de profil, sorte de Lucia Bosé ou d’Anna Galiena et se laisse admirer (le balancé de la boucle d’oreille trahit le mouvement), décolletée, petit nez.

C’est sans doute (peut-être) un modèle, d’un album ancien, le temps déjà moisit, le front est piqué, et le cou. On dit que sur les cadavres se répandent des traces noires. Elle est peut-être morte. Elle est peut-être mexicaine. L’aisselle est ombreuse. Mais surtout, il y a le sang, le sang partout, on l’a assassinée, peut-être à Tijuana. Comme Lizzie dans My Blueberry Nights, elle faisait les bars. On l’a tuée. Ce n’était plus supportable. Il y en a d’autres, beaucoup d’autres, l’Hôtel Chelsea, haut comme une ziggurat, des photos de famille, peut-être dans le Kalahari, des poulpes, un taureau, des arbres dans le désert, le building New Yorker, encore des tâches rouges, une fillette, un loup-garou, l’homme-cerf, etc.

C’est dans Altitude, des photos d’Alfons Alt, qui vit à Marseille. Tracey Rose, la belle morte, en vrai, ne fait que 30 cm sur 24. On s’étonne. On la voyait grande. Très grande.

par Martin T.

Altitude, Alfons Art
Images en Manœuvres Editions