Recherches en Esthétique
« Recherches en esthétique, revue du C.E.R.E.A.P. » L’intitulé paraît annoncer un austère ouvrage universitaire au langage abscond, réservé aux spécialistes. Il s’agit pourtant d’une belle publication, agréable à l’œil, satisfaisante au cerveau. Créée par Dominique Berthet, Maître de Conférence à L’IUFM de Martinique, qui en est le directeur de rédaction, imprimée au Lamentin (Martinique), la revue est soutenue par l’IUFM et le Conseil Général de Martinique, la DRAC et le Conseil Régional de Guadeloupe. Chaque numéro est constitué autour d’un thème de grande ouverture tel que : « Appropriation », « la Critique », « Trace(s) », ou pour les plus récents, « La rencontre », « La relation au lieu », « le Fragment ». Pour le n°15, octobre 2009, le thème est « L’imprévisible », qu’illustre en couverture le visage d’Arthur Rimbaud, vu par E.Pignon-Ernest (1978), dont la démarche est l’objet d’un entretien avec D. Berthet. On y rencontre, en première partie, « L’imprévisible de l’existence » des pages de notes de René Passeron, une deuxième partie rassemblée sous le titre d’un l’imprévisible rapprochement « Le cinéma et l’architecture face à l’imprévisible », suivie d’un inépuisable « Imprévisible comme matériau artistique » (Franck Doriac, avec humour y titre son article « Oh ! », Marion Hohlfeldt y tente l’incernable « L’imprévisible comme topographie du possible », etc. ) Puis une quatrième partie, qui nous paraît moins dense, « L’art en caraïbe et l’imprévisible ». Enfin cinquième acte, des « Notes de lectures », plus imprévisibles encore avec leurs thèmes au bonheur de l’actualité éditoriale, dans lesquelles il est question aussi bien, parmi d’autres, de « Art, féminisme, post-féminisme. Un parcours de critique d’art » d’Aline Dallier –Popper que « Changer l’art, transformer la société. Art et politique 2 » textes réunis par J-M Lachaud et O. Neveux, ou du « Journal des arts des années 1960 » de Gérard Durozoi.
Que les contributions à « Recherches en esthétique » soient d’un intérêt variable est inévitable, puisque l’objet même d’une revue est bien de mettre à l’épreuve, à côté de pensées longuement élaborées, des travaux en cours de construction – et chaque lecteur suit les chemins qui le concernent !
Il existe 35 Académies en France. Il pourrait y avoir 35 publications en sciences humaines, avec pour chacune leurs problématiques, multiplicité favorable à la diversité des études et aux échanges interdisciplinaires. Elles donneraient une image plus vraie et plus vivante des recherches et des débats en cours. On peut imaginer que la diffusion de ces productions donnerait aussi davantage de poids à l’art en France que les superficielles manifestations éphémères d’une « scène de l’art » conforme à des modes proclamées art international, mais qui tourne en rond autour d’un mince courant nombrilique, trop semblable au « tout le monde » pour être réellement visible. Bien sûr, il y faudrait des personnes désireuses de s’investir dans cette activité avec la perspective de ne pas dépenser le principal de leur énergie dans la recherche… des moyens. Oh ! (l’imprévisible), il en existe certainement. Pour les moyens, finalement assez réduits comparé aux sommes investies dans des gestes publicitaires vides, – à la valeur (marchande ?) mesurée au nombre de visiteurs !– On peut toujours rêver… Mais sans rêveurs, il n’y aurait pas d’art !
par Marcel Alocco