Hommage à Alain Lestié à la Galerie Depardieu
Alain Lestié vient de nous quitter. Sa personnalité discrète et poétique nous manque déjà.
Né à Hossegor, formé aux Beaux-Arts de Bayonne et Bordeaux, il est lauréat de la Biennale de Paris en 1968 et participe dès les années 70 au collectif d’artistes et d’intellectuels bordelais Sed Contra. Il expose au CAPC dès 1974 sur l’invitation de Jean-Louis Froment, puis au Centre Pompidou et à la Biennale de Venise en 1978.
Il peint des œuvres non figuratives où nature et géométrie se retrouvent dans de grandes formes colorées.
Dans les années 1990, il abandonne la peinture pour réaliser des compositions raffinées mêlant plusieurs images. Ses œuvres sont le résultat de trente ans de dessins accumulés et scannés sur son ordinateur. De cette masse, il en extrait certains qu’il découpe, recompose, transforme, reconstruit jusqu’à ne plus savoir ce qu’ils représentent. Une œuvre au carré née de dizaines de dessins revisités, mêlés et réinterprétés :
« J’essaie de mener une réflexion sur la perception à partir d’un questionnement de l’image après coup dont le sujet serait précisément l’inépuisable question : que veut dire ce que je vois ? ».
Son univers est éblouissant par sa technique et sa grande puissance évocatrice. Grâce à sa maîtrise remarquable d’un crayon, toujours le même (Néro) sur papier Fabriano, il obtient des noirs profonds, des dégradés gris tendres allant jusqu’au blanc immaculé, mais également des transparences nées de ses estompages.
Dans ses tableaux apparaissent des mises en scènes troublantes où chacun peut trouver son propre sens. Des « peintures dessinées » qu’on peut voir comme les photographies d’un film (plutôt policier) choisies par le réalisateur pour le promouvoir, et donc posséder une densité certaine pour le représenter et nous donner envie d’aller le voir… Mais les films d’Alain Lestié n’existent pas, il propose à l’imagination de chacun de les créer à partir d’indices qu’il nous tend. Chaque œuvre contient un suspens, à nous d’y trouver un sens, s’il y a quelque chose à voir ou à savoir… Les poètes et nombre d’auteurs se sont intéressés à son travail sensible et porteur de messages presque compréhensibles mais en fait remplis d’interrogations.
Christian Depardieu explique que c’est l’un des artistes qu’il a le plus aimé exposer : « Au fil des années, dit-il, j’ai pu mesurer combien sa réflexion sur l’art était profonde, mêlant littérature et poésie ».
Emmanuelle Debur, critique d’art de sa région natale lui a rendu un bel hommage dans la revue Sud Ouest.
Les œuvres d’Alain Lestié ont été exposées au centre Pompidou et ont fait partie de la représentation française aux biennales de Venise, d’Alexandrie et d’Ostende.
À Nice, il a été représenté par les galeries Depardieu, Laure Matarasso et Quadrige.
Alain Amiel
