Chronique(s) de nulle part
Une BD en sept chapitres et un épilogue. B.D. pas gaie du tout. Pour les couleurs, l’artiste s’est fourni chez un pâtissier : Chocolat, crème de marron, myrtilles écrasées, crème vanille brûlée, framboises trop mûres… L’histoire c’est des histoires, surtout dans des têtes, mais violentes par moments.
Ça se mélange, à mesure, par petites doses, et la pâte lève. Ambiance romantique, mais pas façon Lamartine, pas « Le Lac » et « Ô temps, suspends ton vol ». Pas du tout. Ce serait plutôt Vigny, « La mort du loup ». À lécher ses blessures. Haine et tendresse. Des coups à l’âme autant que des coups aux corps. Disons façon François Villon : il y en a qui ne valent pas la corde pour les pendre. La méditation d’ensemble, c’est un peu « L’être et le néant », version images et psychologie. Mais ne vous effrayez pas : le philosophique est traduit en français dans le texte et dans l’image, et si parfois vous avez du mal à suivre, c’est que souvent les personnages s’égarent. Et le fantôme va plus vite que vous. Mais oui, il y a aussi un fantôme. La production ne recule devant aucune dépense ! Même dans la fabrique de l’album, fortement cartonné, bel objet, avec une bien belle couverture qui parvient à être à la fois sombre et lumineuse. Le film est fait, à vous de vous en faire votre cinéma.
Marcel Alocco
Chronique(s) de nulle part
Starsky – Rica – Tocco
AAARG ! éditions, Marseille 2015