Expositions

À propos de Daniel BUREN

L’article de Jean-Luc Chalumeau ouvrant le Verso-hebdo du 4 octobre 2023 (visuelimage.com) est consacré à « Daniel Buren, Plis contre plan, hauts reliefs » «la dernière série de Daniel Buren» précise-t-il : «Buren est mondialement connu, cependant, en France, beaucoup en sont restés à « l’homme des colonnes rayées du Palais Royal » en raison de la campagne hostile du Figaro Magazine au moment de la construction, au début des années 80. Plutôt que d’évoquer ces miroirs de 217,5 cm de côté sur lesquels l’artiste a ajusté des formes en trois dimensions, toutes porteuses des fameuses bandes peintes de 8,7 cm de diamètre, il me paraît utile de revenir sur le début de la carrière étonnante de Daniel Buren. » Et Jean-Luc Chalumeau propose l’histoire de la carrière de l’artiste par une succession d’événements, indiquant ainsi que «Autour de 1968, il avait ainsi acquis une réputation d’artiste révolutionnaire.» C’est probablement bien ainsi que les événements ici contés furent perçus par la majorité de ceux qui n’en avaient échos que par des articles de presse alors en général peu favorables.

En ne mettant en avant que les aspects provocateurs de ses interventions J-L Chalumeau risque de présenter la démarche de Daniel Buren comme s’il n’était question pour cet artiste que d’établir une carrière. Il en renforce peut-être ainsi l’image mythique dans un actuel paysage artistique de plus en plus soumis aux apparences superficielles que mettent en avant les publicités. C’est oublier les prémices idéologiques qui amorcent ses propositions. Daniel Buren, Olivier Mosset, Michel Parmentier, Niele Toroni présentaient ensemble au Musée de la ville de Paris en janvier 1967 au Salon de la jeune Peinture (et en septembre à La Biennale de Paris) des toiles accompagnées d’un manifeste proclamant qu’ils ne sont « pas peintres ». Une fois les œuvres exposées et l’exposition ouverte, les artistes décrochent aussitôt leurs œuvres et affichent la banderole : « BUREN MOSSET PARMENTIER TORONI N’EXPOSENT PAS». Michel Claura écrivait « Une peinture aussi « réduite » n’est ni le tout ni le rien. Ni réconfort ni malaise ne sont à quêter dans leur peinture. Il n’y a pas de communication. » (Bien que, nul ne pouvant produire l’impossible, elle communique tout de même par un tableau, objet tarditionnel d’art plastique, leur intention de refus de communication !)

Assez vite interviennent des différents sur la théorie et les mises en pratiques qui interrompent la présentation des travaux en commun de ce quatuor perçu comme « groupe BMPT ». Parmentier déclare cesser toute activité, Mosset et Toroni continuent chacun à produire leur toujours même tableau, tandis Buren diversifie la présentation de son image en jouant sur les supports, papiers ou tissus, sur les formats et les lieux et conditions des monstrations. Daniel Buren définit « l’outil visuel » comme le seul élément immuable et invariable de ses œuvres, bandes verticales alternées caractéristiques, blanches et colorées, de 8,7cm de large. Ses manifestations dans l’espace social, travaux in situ souvent hors des lieux d’institutions muséales, sont d’autant plus reçues comme des provocations de non-sens. Un petit livre de Daniel Buren, « Limites critiques » publié en 1970, à Paris par la Galerie Yvon Lambert, exprime la réflexion qui provoque sa démarche et propose les bases d’une réflexion qui va structurer les suites de son développement et son expression matérialisée. Si cet ouvrage n’aura dans l’immédiat qu’un impact limité à un cercle de passionnés, sa publication est dans la perspective historique devenu témoin d’événements marquants.

Je me permets de joindre en documents à ce propos la couverture et deux pages de la revue NDLR n° 3/4 de 1978 que publiait Charles Le Bouil, soutenu par la Galerie « 30 » rue Rambuteaux qu’animait Jean-François Dubreuil et Pascal Mahou, et aussi en hommage à Pontus Hulten, qui comme directeur du MNAM Pompidou donna de si magnifiques premières années au Centre Beaubourg.

Marcel ALOCCO

Daniel BUREN

Plis contre plan, hauts-reliefs, travaux situés 

Galerie Kamel Mennour,

5 et 6 rue du Pont de Lodi, PARIS 6

Du 12 septembre au 25 novembre 2023