Evénements

Ambroise Thomas : Psyché

Opéra comique en 3 actes

Livret de Jules Barbier et Michel Carré

Époustouflant !

Premier enregistrement mondial

Avec Hélène Guillmette, Psyché ; Antoinette Dennefeld, Eros ; Tassis Christoyannis, Mercure ; Mercedes Arcuri, Dafné ; Anna Dowsley, Bérénice ; Artavazd Sargsyan, Antinoüs ; Philippe Estephe, Estephe ; Christian Helmer, Le Roi.

Orchestre National Philharmonique de Hongrie, Chœur National Hongrois sous la direction de György Vashegi.

Label Palazzetto Bru-Zane / www.bru-zane.com / Sortie novembre 2025.

Les livres CD du label Palazzetto Bru-Zane sont des œuvres d’art que l’on garde près de soi précieusement. Le 45ème volume de cette collection est à offrir sans hésiter à Noël comme son précédent volume consacré à l’Ancêtre de Camille Saint-Saëns. On tient là un pur joyau de l’opéra français du 19ème siècle sur les traces de Daniel Esprit Auber exhumé par le Centre de musique romantique française installé à Venise et dirigé par Alexandre Dratwicki. Les textes du directeur sont savoureux à lire ainsi que celui d’Alban Ramaut et d’Arthur Pougin. Ils apportent un éclairage indéniable à l’écoute de cette belle endormie. Le travail iconographique illustrant le livre est à saluer. Ce projet avait été conçu initialement pour Jodie Devos qui devait chanter le rôle titre au TCE en juin 2020. Plusieurs reports à cause de la pandémie l’ont rendu impossible. Inoubliable Jodie, partie trop tôt, elle nous manque tellement !

Ambroise Thomas et Psyché

Ambroise Thomas (1811-1896) entre au conservatoire de Paris à l’âge de 17 ans. Il y étudie le piano, l’harmonie et la composition notamment avec Le Sueur. Il se perfectionne en piano en cous privé avec Kalkbrenner. Il remporte le premier grand prix de Rome avec sa cantate Hermann et Ketty à l’âge de 21 ans Il succède à Spontini àl’institut avant d’enseigner l’harmonie et la composition. Il en prend par la suite la direction jusqu’à sa mort pendant 25 ans. Il laisse plus d’une vingtaine d’opéras, des ballets, une fantaisie brillante pour piano et orchestre, le chant de psaume laudate pour violon et orchestre, de la musique pour piano, de la musique de chambre et des œuvres sacrées dont un requiem. Psyché est son 15ème ouvrage lyrique. Créé à l’Opéra comique en 1857, l’ouvrage relate les amours contrariées d’ Eros et Psyché, manipulées par le cynique Mercure et la jalousie des deux sœurs de l’héroïne Dafné et Bérénice. Éros est distribué à une mezzo travestie, clin d’œil à Rossini et Bellini. La beauté des mélodies subjugue. Les textes parlés sont théâtralement réussis. Dès l’ouverture on est plongé dans l’univers de l’opéra français du 19ème qui n’a rien à envier à Charles Gounod. L’enregistrement ici est un subtil mélange entre la version de 1857 en trois actes et celle en quatre actes révisée en 1878. La création est un triomphe avant de sombrer dans un oubli. Avec Psyché, on passe par toutes les émotions. Tempêtes, moments légers sont au rendez-vous. Plus on l’écoute, plus on se plonge dans la partition plus on est fasciné par une telle créativité et maîtrise de l’art de la composition lyrique. Psyché annonce les futurs succès immuables de Mignon et Hamlet. Pourquoi ce chef d’œuvre n’est plus donné aujourd’hui ? Mystère incompréhensible car l’ouvrage reste le miroir parfait de l’opéra français sous le second empire.

Une distribution cinq étoiles

Hélène Guilmette est exquise en Psyché. Elle domine toutes les difficultés de la partition avec aisance. Le timbre de la soprano québécoise est solaire. La musicalité est exemplaire. Antoinette Dennefeld séduit et dépasse toutes les virtuosités exigées pour le rôle d’Eros. Le timbre est voluptueux. La ligne de chant est un modèle. Elle trouve un rôle à la mesure de ses moyens vocaux exceptionnels. La mezzo-soprano impressionne de bout en bout. Dans le rôle de Mercure, Tassis Christoyannis impressionne. Le timbre est remarquable, l’investissement de tous les instants. Il est un dieu à la fois malicieux et diabolique. Mercure idéal, le baryton grec partage sa passion pour ce répertoire avec conviction et sensibilité. Il avait été parfait dans Grisélidis de Massenet. Son intégral des mélodies de Godard sont indispensable. Un régal. Pour le quatuor bouffe de l’ouvrage, Mercedes Arcuri, soprano d’Argentine au timbre lumineux est une Dafné convaincante. La Bérénice de la mezzo australienne Anna Downsley est un pur bonheur. Philippe Estephe, baryton français exquis en Giorgias et Artavazyad Sargsyan, ténor habité et sensible en Antinoüs font preuve d’un enthousiasme pur. Quel quatuor vocal impressionnant ! Christian Helmer, baryton estun roi de luxe dans un rôle trop court à mon goût. Cette distribution est un modèle d’élégance musicale et de diction parfaite. Tous ces artistes sont à suivre. Le chef d’orchestre hongrois György Vashegyi dirige avec maestria orchestre et chœur. Il met en lumières toutes les beautés de la partition. Tout ici est transcendé. Le chœur est un ravissement. Il est la révélation totale de cet enregistrement ! Quelle passion des musiciens hongrois pour défendre la musique française. Quel soin dans la prise de son et la captation. Chef d’œuvre ressuscité… Merci !

par Serge Alexandre