Artistes et marchés de Xavier Greffe
Si l’art nous semble une activité venue du fond des temps, le concept d’une activité autonome comme « art » est une invention « récente » dans l’histoire de l’humanité. Cette invention entraîne l’utilisation, dans l’économie de marché, des notions de « public » et de « marché de l’art » notions dont la validité est ici mise en question.
Mise en jeu aussi, la notion d’esthétique et cette incertaine frontière qui nous paraît séparer la compétence artisanale de la production esthétique. Il faudra aussi affronter le problème du statut de l’artiste avec la question de son « utilité » dans la société, et dans quelle mesure la socialisation de l’art, sous couvert de donner une place à l’artiste, n’est pas une réduction de ses effets (ou, autrement dit, une « récupération » ?). « Relever les difficultés ou les fatalités dont les artistes font l’objet ne doit pas conduire à des visions manichéennes , du type de celle qui a dominé la vie artistique de certains pays au cours des dernières décennies où l’intervention de l’Etat est censée garantir la créativité et le bonheur artistique, nouveau dictionnaire des idées reçues. Fort souvent, des systèmes de ce type n’ont fait que sécréter le clientélisme, la recherche de rente et le maintien des positions acquises des heureux élus. » écrit Xavier Greffe. Fortement documenté, cet ouvrage devrait alimenter les analyses sur la situation des arts contemporains en général (et plus particulièrement en France, pourquoi pas) et favoriser des critiques productives… si ce n’est pas être abusivement optimiste quant à l’effet de la réflexion sur les conduites institutionnelles.
par Marcel Alocco
Artistes et marchés de Xavier Greffe
La documentation Française
Paris 2007