NANO VALDES A DOLCEACQUA – Pulse (Spanda)
Dolceacqua Arte Contemporanea (DAC) nous offre ce printemps la possibilité de découvrir le travail de Nano Valdès, un artiste espagnol né en 1969 à Palma de Majorque. Il obtient le premier prix de sculpture à l’Académie Massana à Barcelone en 1996 avec l’œuvre Dissolution/Combination et développe rapidement un concept qui deviendra déterminant pour lui, celui d’action sculpturale, où la sculpture s’introduit dans la performance et y fait acte. Depuis, Nano Valdès déploie son travail dans les champs de la limite en investiguant leurs différentes dimensions et potentialités.
S’inspirant des textes traditionnels comme les Upanisads, il a réalisé une série de projets intitulée Pulse, dont ressort l’œuvre présentée à DAC, série qui déroule le fil rouge de l’interconnectivité. Laissant la part belle à l’intuition, Nano Valdès souligne la difficulté pour l’être humain de percevoir le véritable réel. Il convoque le principe hindouiste selon lequel toute partie affecte le tout, assertion par ailleurs démontrée par la mécanique quantique. Et de fait, les réalisations de Nano Valdès sont aussi en résonnance avec des théories scientifiques contemporaines comme celle du chaos déterministe selon laquelle une infime variation des conditions initiales d’un système bouleverse son évolution ; et dont un exemple bien connu est l’effet papillon : « le battement d’aile d’un papillon à Tokyo peut entraîner une tempête à New-York ». Ainsi, l’une des installations de Pulse, réalisée en 2018 pour la Fondation néerlandaise Cultureland, s’appréhende comme une représentation en trois dimensions de l’équation mathématique d’Edward Lorenz sur les rouleaux de convection qui se produisent dans l’atmosphère.
Nano Valdès a participé à de nombreuses expositions collectives en Espagne, en Suisse, aux Pays-Bas, en Italie, telle celle de 2020 à Gênes, au Palazzo Ducale, Segrete. Tracce di Memoria (Secret. Traces de mémoire), avec entre autres artistes Elisabetta Di Sopra et Silvia Margaria .
Valdès le Majorquin vit en Italie et parcourt la Méditerranée sur son voilier, la navigation et l’art étant les deux pôles qui tracent l’axe de son existence.
Il nous éclaire par ces mots sur ce qu’il propose à DAC :
« Une grande partie de mon travail artistique tourne autour du concept de limite en tant que ligne de démarcation qui sépare un intérieur de l’extérieur. Les limites construisent, permettent de vivre là où il y avait de l’espace avant.
Dès le début, j’ai été très attiré par les contenants, que j’ai compris comme des métaphores de l’être. Le signifiant résidait dans la manière dont ces limites étaient construites ou déconstruites. Souvent, la différence entre être (à l’intérieur) et ne pas être (à l’extérieur) était représentée par des conteneurs qui se dissolvaient, se brisaient après avoir tourné dans un équilibre précaire, coulaient, s’enfouissaient, gonflaient ou se dégonflaient, et finissaient par faire partie du tout.
Il y a une intuition artistique, étant donné que beaucoup de mes œuvres vont involontairement dans cette direction, qui me suggère qu’il y a peu de différence entre l’intérieur et l’extérieur, juste séparés par cette fine membrane qu’on appelle « l’être ». Nous sommes l’écho du dehors et nous construisons constamment ce qui est dehors.
Le mot sanscrit Spanda fait allusion à la pulsation primordiale ou vibration créatrice dans tout l’univers (₁). Il sert, ici, au Dolceacqua Arte Contemporanea, à encadrer l’œuvre qui y est installée, le spectateur se trouvant face à un grand ovale (diaphragme) qui respire et se déplace dans un mouvement qui serait comme une vague. L’espace est intrinsèquement lié au temps et le sujet transite dans l’intervalle entre les deux limites du souffle. Cette membrane (matrice) pourrait être considérée comme un seuil qui, changeant continuellement sa forme concave, inviterait le visiteur à scruter l’espace vide à la forme convexe, et qui envahirait lentement la pièce, l’obligeant à reculer.
J’aime souligner l’apparente dualité entre présence et vide, intérieur et extérieur, accueil et expulsion, féminin et masculin, dualité apparente seulement puisque c’est la même membrane qui, grâce aux différences de pression atmosphérique, passe d’un côté à l’autre de la pièce.
La plupart du temps, le spectateur reste dans un territoire entre inspiration et expiration, là où tout est possible ; la membrane devient une pure possibilité plastique, comme les ondes, toutes semblables mais non pareilles.
Ainsi Pulse (Spanda) répond à l’intuition que nous ne sommes plus les seuls à traverser l’espace, immobile et passif, mais que l’espace lui-même bouge aussi autour de nous.
Rien ne s’arrête, tout vibre.
(₁) Cela coïncide avec les dernières découvertes en physique quantique dans lesquelles, entre autres, il a été démontré qu’il n’y a pas vraiment de séparation entre l’observateur et l’objet observé, l’un influençant l’autre. Tout est énergie vibrante.
Catherine Mathis
Nano Valdès – Pulse (Spanda)
Vernissage le samedi 7 Mai 2022 de 15h30 à 19h30
Strada Vicinale dell’Abelio (SP 69)
18035 Dolceacqua
Italie
+39 327 133 88 28
Directions :
A8 / Sortie Vintimille /Direction San Remo / SP 64 Direction Dolceacqua / SP 69 Direction Rochetta Nervina / SP 70 direction La Colla – Gouta / SP 69 direction Gouta
DAC se trouve dans deux fortifications sur la gauche.