Les regards sur l’aube
Un après-midi brûlant d’août, en participant au vernissage de l’exposition Un jour, la nuit…un regard à la galerie Bogéna à St Paul de Vence, je fus saisie par les nouvelles créations de Jean-Marie Fondacaro. Les regards sur l’aube m’emportèrent dans un voyage inconnu vers l’être.

Ces différents bustes n’engendrent aucune identification mais libèrent un transfert du regard. L’œuvre elle-même est ici un être vivant, en l’occurrence un enfant aux regards multiples. Ces regards entrainent le nôtre comme une lumière qui traverse la matière.
Nous retrouvons dans cette série de bustes si nouvelle l’envol dans des corps parfois filiformes créés par l’artiste. Ici la dualité est toujours présente : la sculpture évoque ce chemin de vie où la confrontation à la matière et la recherche de vérité intérieure, spirituelle sont étroitement liées.

L’énergie de la matière est mise en mouvement, un équilibre entre masse et espace se crée. JM Fondacaro éprouve la jouissance du pétrissage et en même temps le désir puissant de se détacher des lourdeurs inhérentes à la matière.
L’art fait briller la lumière du 3. Elle différencie le ciel de la terre, la matière de l’âme et parvient à intégrer les deux dimensions dans un dépassement magique qu’est l’œuvre.
Dans le mot italien busto nous retrouvons l’idée d’unité, d’ancrage et de présence. JM Fondacaro a créé ces bustes avant le premier confinement. Il s’est inspiré des aborigènes qui essayaient d’échapper aux incendies meurtriers qui dévastaient d’immenses forêts. Ce sont les regards d’enfants de peuples premiers qui l’ont traversé comme un souffle de fraîcheur surnaturelle.

Sur ces visages sont peints des traces rituelles. Elles évoquent le rituel du passage à l’âge adulte, la perte de l’innocence première.
La dualité est omniprésente. Elle nous renvoie à notre humanité. Ces sculptures sont, selon JMF, des runes, ancien système d’écriture, essentiellement germanique et scandinave, qui évoque une dimension divine magique.
Ces bustes sont sur terre mais nous entendons rire les enfants dans les étoiles. L’artiste nous fait effleurer l’infini qui est en nous. Il en a modelé la matière invisible. Ces œuvres ne représentent pas la Vie mais sont la Vie. Le sculpteur nous fait penser au Poète baudelairien

Qui plane sur la Vie et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes.
Nicole Deleu
Le 20/09/2021
L’exposition est visible jusqu’à la fin du mois à la Galerie Bogéna
St Paul de Vence