Brèves de lecture

Le manuel du Graffiti & Faire son book

Il s’agit de manuels joliment publiés sous forte couverture cartonnée. Traduits de l’anglais ces ouvrages ont un regard particulier.

« Faire son book » qui s’adresse aux graphistes en général, a été écrit depuis la Grande Bretagne en 2010. Il nous dit que si vous ne trouvez pas de débouché, vous pouvez traverser la Manche et avoir pour la BD un meilleur accueil « en France et en Europe ». Ce qui peut laisser le lecteur français perplexe. Il est conseillé de présenter un book papier plutôt qu’un dossier informatique, et s’il est vrai que l’image bien imprimée est d’un meilleur impact visuel, on est étonné d’apprendre que le client n’a trop souvent qu’un vieil ordinateur « incapable de lire les images JPEG » ! Sans doute le lecteur intéressé n’y trouvera pas la solution bouclée de son problème, mais en 160 pages de texte abondamment illustré, matière à réflexion pour adapter les informations à son cas. Une lecture attentive personnalisée sera utile pour les débutants dans la mesure de ce qu’on peut attendre d’un « manuel ».

« Le manuel du graffiti » s’attaque à un problème plus complexe. Depuis l’antiquité, ont été relevées des inscriptions tracées avec un outil souvent improvisé, gravées ou en noir le plus souvent. Les tags et autres variations sont nés de l’emploi facile des couleurs. D’abord activité de rue rapide qui se voulait souvent agressive ou subversive, l’inscription sur les murs s’est institutionnalisée en quelques décennies jusqu’à se nier en étant aujourd’hui proposée sur toiles, exécutée en atelier et exposée dans des galeries. Des styles se sont imposés pendant que se construisaient des carrières. D’où l’installation de procédés, de techniques établies au fil des ans, qui tendent, comme pour la peinture traditionnelle, à uniformiser les démarches. Bases utiles à connaître pour qui veut se lancer dans ces pratiques, elles devront être adaptées à chaque projet, et un projet original demandera sans doute une part d’invention dans les méthodes. Il ne faudrait pas confondre ces pratiques égocentriques, (pour se « faire un nom »), avec les rares réussites d’art urbain, lorsque l’artiste travaille en images extérieures une concordance avec l’histoire réactivée d’un lieu choisi et le vécu de ses habitants.

Ce manuel ne peut que donner à l’artiste les instruments, souvent nécessaires mais jamais suffisants, pour une pratique qui ne deviendra artistique que par l’invention qui dépasse le savoir faire. Aussi bien, pour le lecteur non pratiquant cet ouvrage est surtout intéressant par l’histoire d’un genre, que chemin faisant il restitue en abordant ses différents aspects.

Marcel ALOCCO

Le manuel du Graffiti

Style, matériel et techniques

Collectif d’auteurs (traduit le l’anglais par Eve Vila)

Eyrolles 2014

Faire son book

2°Edition

Fig Taylor (traduit de l’anglais par Brigitte Quentin)

Eyrolles 2014