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La Lumière du Trois

Un des fils conducteurs de l’exposition de J.Y.Cousseau est la mise en scène des complémentarités qui peuvent être vécues comme oppositions. L’œuvre photographique devient un espace médian où l’artiste travaille sur le rapprochement des extrêmes.

Jean Yves Cousseau, La grande roue

L’aspect uniforme aseptisé de la photographie ne pouvait correspondre à la vision de Jean Yves qui veut donner à voir les empreintes du temps. La photographie est en perpétuelle mutation à l’image de la vie. « Haraka Baraka ! » disait Youssef Chahine, cinéaste tunisien. «  Le mouvement est bénédiction ! ».C’est ainsi qu’il va soumettre ses clichés à des processus chimiques d’oxydation. Il a plongé le matériel dans un lavoir où il a filmé l’altération des photos primitives durant l’exposition elle-même.

La gélatine en se dissolvant produit du blanc et du roux qui se propage sur les images captées. Ainsi naît une dualité permanente : la maîtrise par l’artiste du premier cliché est aussi mise à l’épreuve du temps, une durée ouverte échappant à toute intervention.

La photo s’autonomise et l’objet créé acquiert sa propre force dans une ouverture silencieuse qui capte le spectateur. L’oxydation peut parfois être travaillée par l’auteur.

Jean Yves Cousseau, Fondation de Coubertin, 2011.jpg

Le hasard intervient dans le cheminement artistique ce qui donne à l’œuvre une dynamique nouvelle. L’œuvre de J.Y.Cousseau est une oxymore permanente. Les opposés sont complémentaires et se dessine une équation quasi mystique : 1+1=3.

La relation entre ces éléments n’est-elle pas la Beauté qui fleurit de la décomposition, des traces qui nous emmènent au-delà de toute limite ?

La lumière du Trois ici intègre les dualités pour aboutir à une symbiose finale. La juxtaposition d’un Nu à l’oxydation travaillée et d’un miroir naturellement vieilli, des anneaux surprenants qui s’approchent d’une sculpture féminine tournée vers un Ailleurs, toutes ces œuvres laissent être ce qui est dans un mouvement permanent.

Jean-Yves Cousseau, Le grand nu

La Beauté en émane, elle englobe l’éphémère, le discontinu, le fragment, l’altération et nous porte vers un infini Réel parfois sans support, sans frontière et en même temps si proche de nous dans notre obscurité lumineuse.

Nicole Deleu

16/07/2020

JEAN YVES COUSSEAU

GALERIE DEPARDIE

« PAS PERDUS » Exposition du 25 Juin au 1er Août 2020