Brèves de lecture

Fluxus in Italia

Circonscrire la présentation de Fluxus à l’Italie, sans élargir aux contextes et prolongements comme l’a pratiqué Fleurice Würz pour son « Fluxus à Nice, 1963-1968 » ( AQ-Verlag 2011) est une idée bien étonnante pour le mouvement artistique le plus éclaté dans l’espace de la seconde moitié du vingtième siècle.

D’autant que l’Italie n’a guère été concernée par les premières années. Il y eut d’abord Giuseppe Chiari et, surtout à partir de 1967, le groupe de Milan, (avec Mario Diacono, G-E Simonetti, Daniela Palazzoli…), qui a organisé une série de concerts à Milan, Gênes, Turin, Modène, Lugano… On peut regretter que presque tout ce qui n’est pas spectacle ou accrochable en lieux traditionnels ne soit pas noté. Sans esthétique unitaire, Fluxus a été principalement un courant de pensée. Manquent cruellement à ce recueil d’informations, hors les événements les plus marginaux qui étaient sans doute les plus spécifiques, les moyens essentiels de la diffusion de l’esprit Fluxus qu’étaient les rencontres, les échanges, (comme les rassemblements à Fiumalbo en 1967-68) les publications artisanales ou imprimées (comme la revue BIT, les affiches de Ed. 912 des milanais) les entreprises telles qu’à Anfo ou Novara en 1968. Si ces manifestations concernaient plus généralement l’ensemble composites des avant-gardes, le mélange des courants étant particulièrement favorisé par l’Art Postal ici oublié, Fluxus et ses apparentés étaient présents.

L’Italie n’avait guère contribué aux élaborations initiales, plus préoccupée par d’autres avant-gardes, mais il faut reconnaître que les Fluxmen y ont reçu par la suite un bon accueil continu, alors qu’en France Fluxus restera longtemps marginalisé, si ce n’est souterrain.

Livre de marchand dans l’esprit marchand, cet ouvrage est un recueil d’événements survenus dans des lieux plutôt officiels, sans recherches historiques ni perspectives critiques. Il est symptomatique que le massif dossier photos ne débute qu’en 1971, moment où les bricoleurs Fluxus commencent à produire des objets plus susceptibles d’entrer dans les circuits traditionnels. Un mouvement d’avant-garde incarné à sa naissance, comme il est fréquent, par des femmes et hommes jeunes, la moyenne serait autour de la trentaine, y est montré surtout par des acteurs mûrissants ou plus, vingt ou trente ans plus tard, se singeant de triste façon.

Quasi nul sur le plan de l’histoire et de la critique, reste donc de ce livre la partie documentaire : à décrypter, des photos souvent tardives, rarement significatives et plutôt reflets mondains, des déclarations et témoignages souvent récents, à prendre comme tels, matériaux un peu informes pour recherches à venir.

Marcel Alocco / Octobre 2012

Fluxus in Italia

A cura di Caterina Gualco, il canneto editore 2012.

(bilingue, italien-anglais)