Evénements

Fadini & Boornazian à la Galerie Depardieu

Le 24 septembre avait mal commencé avec l’annonce du décès de Pharoah Sanders. Ce survivant de la période free, ex compagnon de route de Coltrane, était une sorte de patriarche bienveillant que l’on avait plaisir à retrouver périodiquement pour nous rappeler que « The Creator has a master plan ». Sa dernière tournée en France, c’était en 2017. Il marchait avec difficulté mais était toujours capable d’émettre ce son profond et lyrique qui n’avait jamais varié pendant les six décennies de sa riche carrière.
Ce soir-là, était annoncé à la galerie Depardieu le duo piano – saxo d’Alessandro Fadini et Josiah Boornazian. Si nous avions fait, au préalable, l’effort de regarder sur Internet à qui on avait affaire, nous aurions découvert que ces deux musiciens ne sont pas totalement inconnus.
Le pianiste Alessandro Fatini, né à Vérone et ex-élève au Conservatoire de Nice est désormais basé à New York .
Son complice, le saxophoniste Josiah Boornazian est directeur de la section jazz de l’Université de l’Utah. Il est également actif un peu partout sur le territoire américain (Floride, Texas, Californie, New-York, etc.). Tous deux ont enregistré un CD dans lequel ils se partagent les compositions et qui a constitué l’essentiel de leur concert niçois.
Le duo annoncé dans le programme est devenu un quartet grâce au renfort du contrebassiste niçois Philippe Gallois et du batteur américain installé à Paris, Wesley Reid.
En alternant morceaux lents et morceaux rapides, compositions accessibles ou compliquées, les musiciens ont fait découvrir aux spectateurs leur jazz inventif et ludique. Si Fadini montre son sens de la rigueur (il a fait des études poussées en Mathématiques), Boornazian met en avant son goût pour la recherche. Les compositions du pianiste sont charpentées et sophistiquées. Elles démontrent la grande technique du musicien. Quant au saxophoniste, il utilise sans en abuser quelques effets électroniques grâce à une pédale. Ses improvisations sont parfois stratosphériques mais restent pertinentes.
Quand on les interroge sur leurs influences, Fadini cite Marc Copland et Bornazian affirme que son modèle est David Binney. Quand on l’écoute, on pense également à Donny McCaslin.

En plongeant les auditeurs dans l’univers musical américain actuel, ce quartet démontra, si l’on en doutait, que le jazz continue à progresser en se nourrissant des autres styles musicaux et des apports de la technique. Il est dommage que ce cours magistral ait été dispensé à un public d’habitués aux tempes grises et blanches et non à ceux à qui la leçon était destinée : les enseignants et les élèves des diverses écoles et conservatoires du département où le jazz est enseigné.

Bernard Boyer

24 septembre 2022
Galerie Depardieu
Allessandro Fadini : piano,
Josiah Boornazian : saxo alto et effets électroniques,
Philippe Gallois: contrebasse
Wesley Reid : batterie
Disque :
« Allessandro Fadini et Josia Boorazia
« Simply Begin Again »
Fresh Sound New Talent, 2018