ExodeS : un grand parcours d’art contemporain à découvrir cet été à Saint Raphaël dès le 1er juillet 2022.
A la veille de l’installation de ce parcours dans la ville, Simone Dibo-Cohen, commissaire de l’exposition ExodeS, nous parle avec passion et émotion des étapes de ce projet ambitieux en passe de devenir l’un des événements les plus prestigieux d’Europe de l’été 2022.
B.C Pour Performarts : Programmé depuis plus d’une année à Saint-Raphaël, ExodeS, semble être un projet visionnaire dans le contexte de l’actualité en l’Ukraine, est-il politique ?
Visionnaire non, malheureusement on ne peut pas parler d’exode sans parler de politique. L’exposition présente 85 artistes engagés de 15 nationalités différentes. Leurs œuvres sont sincères et réactives. Soit l’œuvre est dans le thème de prédilection de l’artiste, soit ce sujet a inspiré à l’artiste une réflexion d’ordre politique, religieux ou climatique, qu’il eut à cœur personnellement de développer et a aiguisé son envie de créer.
Vous êtes commissaire de cette exposition et présidente de l’UMAM, une association créée au siècle dernier. Les objectifs de cette ancienne structure ont- ils changé depuis tout le temps ?
Non pas vraiment, les statuts de l’Union Méditerranéenne pour l’Art Moderne de 1946 établis selon le souhait de Bonnard et Matisse s’adressaient, il y a plus de 75 ans, aux artistes de moins 40 ans. Ils ont été modifiés, adaptés à notre époque. Ouverts à d’autres disciplines.
Vous voici à double titre à la direction de l’exposition de cet été comment cela s’est-il passé ?
Pour moi, ExodeS est une suite logique à l’exposition de 2019, « Liberté, liberté chérie » à l’ancien bagne, l’Espace Lympia de Nice. Lorsque le maire de Saint- Raphael m’a informée de son désir de célébrer l’indépendance de l’Algérie, il y a 60 ans, pour nous le thème a été retenu d’emblée.
En quoi cette exposition se distingue-t-elle des précédentes ?
Cette fois-ci, il s’agit d’une exposition exceptionnelle, d’envergure internationale, dépassant le territoire méditerranéen. Il m’a même été difficile de refuser bon nombre d’artistes tellement le sujet les avait motivés et leur travail était pertinent. Cela reste un regret mais à moment donné, il faut savoir clôturer les inscriptions.
Diriez- vous qu’il s’agit d’une exposition-performance, témoignage, mise en garde ?
Plutôt témoignage, non, pas une mise en garde sauf pour le climat car beaucoup d’artistes se sont penchés sur le réchauffement climatique avec ses conséquences. C’est un constat. ExodeS est une manifestation culturelle, émotionnelle et percutante au service de l’histoire de toutes les sociétés depuis la naissance de l’humanité dans son berceau africain. Conscient de l’importance de cette exposition, le maire m’a accordé tous les espaces que je souhaitais avec en plus des containers pour donner une identité contemporaine. Des lieux non attribués à des expositions ont été remaniés, repeints, cloisonnés, sécurisés pour le public et les œuvres.
Comment faites-vous le choix des œuvres et leurs installations ?
Au départ je vais chercher des artistes qui sont dans le thème, en fonction de leur travail d’ensemble, ou même d’une œuvre en particulier. Ensuite j’élargis mon champ aux artistes dont j’aime le travail en règle générale, je leur demande de créer s’ils sont motivés par le thème. Quoiqu’il en soit les œuvres doivent être créées en fonction des lieux. Après avoir choisi tous les artistes et leur travail, reste celui de la mise en scène. Je travaille sur plan en faisant des visites sans cesse dans les lieux que je vais occuper. Le plus dur reste à faire quand les œuvres sont là, c’est la scénographie.
La difficulté pour cette exposition c’est le nombre de lieux. Tous sont différents, certains éloignés des autres auxquels il faut donner un esprit, une âme. L’intérêt est que le public puisse apprécier la diversité et la pertinence des œuvres et que toutes soient mises en valeur, et de façon équitable et eurythmique.
Par qui avez-vous commencé ?
Déjà par les artistes algériens pour être en accord avec le souhait de la municipalité, puis par les œuvres qui m’avaient interpellée, « Le radeau des illusions » de Gérard Rancinan, l’installation « Road to exile » de Barthelemy Toguo, qui vient d’être exposée au quai Branly et… petit à petit …
L’exposition est-elle prévue pour être déplacée vers d’autres lieux ?
Cela me semble difficile, oui adaptée, c’est possible.
Le thème est sombre, y-a-t-il place ou lueur d’espoir ?
L’espoir, dites-vous ? Regardez ce qui se passe en Ukraine, ce que l’on n’aurait jamais imaginé qui puisse se reproduire. L’espoir, dites- vous ? Le climat… j’ai des doutes…. Et puis… qui n’a pas vécu un exode quelquefois heureux …peut être ?
Comment conseillez- vous d’appréhender la visite ?
De prendre du temps pour parcourir cette exposition qui conjugue œuvres en plein air et espaces aménagés, chaque lieu à une ambiance différente. Et flâner au bord de mer et sur l’esplanade Bonaparte pour y découvrir les sculptures monumentales. Et y amener les enfants pour qu’ils apprennent. Prendre soin de remarquer la beauté et la qualité des œuvres et le message que porte chacune d’elles.
Cette exposition, le maire, Frédéric Masquelier, l’adresse au public de Saint- Raphaël et d’ailleurs. Il a de grands projets culturels de haut niveau pour sa ville, avec déjà une programmation de conférences de grande qualité. Saint- Raphaël est en passe de devenir le pôle culturel incontournable de la région paca. Afin de laisser la marque de cette exposition, l’inscrire dans le souvenir de la ville et dans le circuit artistique, deux vidéos sont prévues, l’une making off et l’autre de l’exposition installée.
Voudriez- vous ajouter autre chose ?
J’aimerais partager cette exposition avec toutes les équipes de la municipalité. J’ai rencontré des personnes bienveillantes et impliquées, avides de connaître et de comprendre les œuvres, sans elles, le projet n’aurait pu aboutir. Elles se reconnaitront. Je voulais les en remercier ici.
Propos recueillis par Brigitte Chéry pour Performarts le 25 mai 2022
Liste des artistes participants :
About Juli, Al Kadiri Abed, Albaiges Carme, Albraehe, Anas, Amitai-Tabib Tali, Arbilo Ryan, Bard François, Barreto Nu, Bennacer Nasreddine , Bentounsi Adel, Bessas-Joyeux Laurence, Bombardieri Stefano, Borel Jérôme, Bosi Paolo, Bothuon Anne, Brunet Guy, Carbonne Benjamin, Carbonne Stéphane, Carrier Thierry, Casebere James, Chalon Fabien, Charbonnel Christophe, Cognee Philippe, Corda Mauro, Dalleas Bouzar Dalila, De Battista Corinne, Deroubaix Damien, Descotils Vincent, Dilitz Mario, Dobrowner Mitch, Donnay Adelin, Donneve Marie, El Hammami Badr, Elias Edouard, Foltete Gérard, Fondacaro Jean-Marie, Franta, Gacsi Barna, Gaillet Marc, Garouste Gérard, Ghossoud Elsas,Gouri Mounir, Gruss Sabrina, Haton-Gauthier Gérard , Hayat Yves, Hebreard Raould, Jonk, Katanani Abdul Rahman, Kaziras Kyriakos, Kebbi Yann, Kegrea Baron, Kianoush , Krajewicz helena et Rowlands Rob, Langlois Romain, Larroque-Daran Marie, Lay Nge, Liot Eric, Malfi César, Markantonakis Yannis, Mccurry Steve, Menuet Sophie, Miguel Martin, Mirial Antony, Mivekannin Romeo, Nalbandian Frederique, Nasa, Nicklen Paul, Olmeta Matthias, Ophuis Ronald, Pastor Philippe, Perez Marc, Petit marc, Pras Bernard, Rancinan Gérard, Reddy Krishna, Ronsiaux Francois, Rubinstein Nicolas, Soren Victor, Spohn Quentin et Mathieu, Tanguy Cédric, Taride Gérard, Toguo Barthelemy, Tuloup Linda, Vergier Paul, Violante Fabrice, Vuong Bao, Watin Gregory
Conseils pratiques : réservations et renseignements :
Tél : 04 98 11 89 00 et 04 94 19 25 75 et https:/ville-saintraphael.fr/exodes
Billet d’entrée: 10 euros, valable une semaine, tarif jeunes 5 euros, gratuits pour les plus jeunes, voir cartes d’invalidité et autres, et les horaires des 8 lieux d’exposition, fermeture hebdomadaire le lundi, nocturne le jeudi soir, visite commentée sur rendez-vous.