Opinion

De la culture à Nice

La Côte d’Azur, et notamment Nice, possède un patrimoine culturel exceptionnellement riche et diversifié, fruit de sa situation géographique et de son histoire. Ses contributions dans plusieurs disciplines culturelles telles que la musique, le cinéma, la littérature, les arts plastiques, etc., lui confèrent une place importante et spécifique. Tout particulièrement, l’art du XX° siècle peut être considéré comme l’une des plus remarquables spécialités régionale. Renoir, Picasso, Chagall, Léger, Matisse et Bonnard, sont régulièrement mis à l’honneur dans les musées et les fondations d’une Côte d’Azur qu’ils ont tous aimé et habité. l’École de Nice a poursuivi cette tradition avec Klein, César, Arman, Alocco, Ben, etc., jusqu’à nos jours où les nombreux artistes vivant et travaillant à Nice et dans sa région, sont régulièrement exposés par des galeries des fondations et des nombreux musées.

Toutefois, la Côte d’azur souffre, dans son ensemble, d’une image culturelle plutôt mitigée. Comme le soulignait Jean-Louis Prat, qui a dirigé avec brio pendant 35 ans la Fondation Maeght, considérée comme l’un des meilleurs lieux consacrés à l’art contemporain en France et expert en la matière, « la Côte d’Azur est peut-être en train de mourir d’avoir été trop gâtée. Faute d’une vocation culturelle entièrement renouvelée, elle souffrira énormément. Une erreur a certainement été de créer trop de lieux (14 musées à Nice…) et de qualité inégale. Certains de ces lieux ne disposent ni des moyens ni des dirigeants capables de les faire fonctionner avec un niveau de qualité suffisant ».

La ville de Nice pâtit de cette situation, malgré la part importante qu’elle consacre à la culture (environ 15% de son budget dont près de la moitié sont utilisés pour l’opéra et pour l’orchestre philharmonique).

Il manque encore une coordination et une politique culturelle d’ensemble, un grand souffle qui redonne à la ville et, par conséquent à la côte d’Azur un nouvel élan. Les dirigeants actuels, dotés d’une indéniable bonne volonté, ont bien du mal a faire oublier la mandature de Jacques Peyrat, désastreuse dans le domaine culturel. Or, à l’heure où les villes européennes se livrent toutes une concurrence de plus en plus vive, la culture devient pour chacune d’elle un enjeu majeur. On peut constater en effet partout- la multiplication exponentielle des expositions, spectacles, festivals et événements culturels… Sur la Côte d’Azur, compte tenu de la faiblesse du tissus industriel autre que le tourisme et l’immobilier, la culture est plus que jamais un enjeu particulièrement sensible et important.

Heureusement, Nice conserve son charme et ne manque pas d’atouts. Certaines expositions du MAMAC et certains opéras sont de haut niveau. « L’art dans la ville » ponctue avec des œuvres d’artistes contemporains, le tracé de la première ligne du tramway qui se termine par une remarquable réalisation architecturale, une « gare multimodale » qui a valu à son architecte Marc Barani une équerre d’argent, récompense suprême pour un architecte en France.

D’ambitieux projets ont été annoncés et lancés. Par exemple celui du Sang neuf (109) dans les locaux des anciens abattoirs à l’image du 104 parisien ou du PS1 à New York mais son contenu et son financement restent pour l’instant énigmatique à l’heure ou ces modèles souffrent de la crise économique.

Citons aussi le grand projet « l’art contemporain et la côte d’azur » prévu du 20 juin au 7 novembre 2011 http://www.artcontemporainetcotedazur.com/. Pilotée par l’association éponyme, qui regroupe un grand nombre de lieux institutionnels et privés, cet événement, reprends en le modernisant et avec une ambition plus forte, ce qui s’est appelé il y a quinze ans « l’art contemporain et la modernité ».

Citons aussi des initiatives intéressantes et dynamiques comme l’association Botox(s) http://www.botoxs.fr/ .

Le Théâtre de la photographie et de l’image qui présente des expositions de haut niveau. C’est une institution originale en France en dehors de paris, entièrement consacrée à la photographie.

Alors, à Nice, la culture sera-t-elle enfin considérée comme un enjeu majeur qui sous-tend une bonne part de l’activité de nos sociétés développées ? Ou bien la communication prendra-t-elle le dessus et le tout culturel serait-il à craindre ?

par Christian Depardieu

Nota :

Quelques faits d’un lourd passé : hostilité à l’installation dans Nice des sculptures de l’artiste américain Mark Di Suvero, violentes diatribes contre les nus du peintre français Vincent Corpet exposé à la Galerie des Ponchettes, évocation approximatives d’Yves Klein dont la seule qualité semble d’avoir été un grand judoka, disparition orchestrée de la foire d’art contemporain Art Jonction après 16 années d’existence, maintien d’un salon du livre people ersatz de celui d’auteur de Mouans Sartoux, festival de jazz arrêté à Cimiez où le jazz justement est à la portion congrue, indifférence absolue voire boycott et même tentative de censure des publications, événements culturels initiatives privées et publiques de la ville, musée d’art contemporain dont les abords tombait en décrépitude (enfin en cours de réhabilitation), sans oublier le festival de musiques militaires (maintenant supprimé) que, sans nul doute, toute l’Europe nous enviait !)

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