Opinion

Automne 2020, le retour des galeries ?

Depuis des décennies, nous assistons à la transformations des œuvres d’art en objets culturels de loisir qui n’ont de valeur que financière, entièrement soumis à la société de consommation. Le phénomène auquel nous avons à faire face est la réduction progressive des œuvres d’art à des objets de consommation qui doivent se renouveler sans cesse.

La mode actuelle et le succès commercial du Street Art, mouvement résolument contemporain dans les années ’80, totalement has been d’un point de vue artistique trente ans après, est un exemple frappant.

Certains artistes de ce mouvement sont parfois extrêmement habiles et capable de produire des œuvres spectaculaires, mais malheureusement souvent vide de sens.

Cette massification de la culture se traduit par l’existence de plus de 250 foire d’art contemporain dans le monde et, en contrepartie, par la désertification des galeries…

La crise du Corona Virus, au delà des drames humains qu’elle provoque, aura eu pour effet d’annuler ces rendez-vous consuméristes qui obligent les galeries à augmenter les prix des œuvres pour payer leurs participations extrêmement coûteuses.

Sylvie Teissier, série Entailles

C’est le moment de revenir à une réalité : Comment peut-on faire connaître en profondeur le travail d’un artiste, faire comprendre sa démarche, en seulement quatre jours de foire ?

Ainsi, les artistes que j’expose dans ma galerie à Nice pendant environ un mois ne considèrent pas leurs œuvres (peintures, photographies, installations, etc.) comme une finalité.

Par leur démarche disons post conceptuelle, ils tentent d’exprimer autre chose au delà… Ils s’expriment d’une manière résolument contemporaine c’est à dire en utilisant des thèmes en résonance avec l’actualité sociale, politique, environnementale, etc.

Pour moi, c’est fondamental dans leur processus de création.

D’autres artistes développent leurs processus de création en inventant leur propre langage. (Recherche de nouveaux modes d’expression, expérimentation de nouvelles techniques, etc.)

Des textes écrits sur leur travaux par des philosophes, critiques, écrivains, etc. soutiennent le plus souvent leur démarche qui finalement, prime sur leurs réalisations artistiques.

Pour tous ces artistes, ces textes sont importants, surtout en France ou la littérature est mise au dessus de tous les arts.

Nous sommes en 2020 et l’horloge de l’histoire de l’art a tourné !

Cela conduit à dire qu’être cultivé suppose de s’intéresser aux œuvres d’art non pas comme des objets de consommation ni comme des objets de savoir, mais d’une manière résument contemporaine et pour tout dire : politique.

La civilisation humaine existante, égocentrique et basée sur le pouvoir doit se reconstruire à partir d’une coexistence harmonieuse et du respect des différences. Avec l’évolution des sciences et de la technologie, les êtres humains se rapprochent de plus en plus dans un mouvement historique inéluctable qui se caractérise par une absence de centre, de violence et de confrontation. La question est de savoir comment réaliser cette intégration.

Nous espérons que cette crie anxiogène et catastrophique aura au moins pour effet de faire revenir un public curieux et attentif dans nos galeries qui sont plus que jamais de vrais lieux de rencontre avec les artistes actuels en écho à cette évolution…

Christian Depardieu

1er visuel : Nacer Bennacer, JE RESPIRE SOUS L’EAU (7), gouache sur papier japon marouflé sur toile, 55 cm,, 2019.