Expositions

Au CIAC de CARROS, Eglé & Ieva Babilaité, Twins.

Eglé Babilaité Desert Angel 70 x70 cm

Des jumelles nées en 1973. (Pourquoi titrer avec l’anglais Twins plutôt que le lithuanien Dvīņi ?). D’un côté Eglé qui après quelques « résidences d’artistes » (Strasbourg, Islande, Suède) est venue travailler depuis quelques temps près de la Méditerranée. « Je me suis installée dans le sud de la France pour une durée illimitée » écrit-elle. De l’autre, Ieva (ieva) qui est restée basée à Vilnius, en Lituanie pays natal, hors quelques vagabonds séjours d’expositions.

Si elles se ressemblent comme des jumelles, ce n’est pas du tout le cas pour leur travail. Leurs productions sont d’ailleurs bien séparées, soigneusement montrées dans des salles distinctes. À droite, Ieva, petits formats, collages discrets ou papiers déchirés empilés, dans l’esprit très Art Contemporain, plutôt années 70. À gauche, Eglé, avec des hauts reliefs très colorés, qu’en bon niçois je dirais carnavalesques, portant dorures et têtes ou visages peintes en contraste à plats dans une figuration classique. Les formats des reliefs sont plus importants, et nous pouvons voir sur le catalogue, l’œuvre en relief « L’arbre de vie » sur un mur aveugle, (à Kaliningrad Russie) très ressemblant – volontairement ou pas ? – à « L’arbre monde » de 1968, à Berlin, dont il est aujourd’hui question de détruire l’immeuble porteur, et donc aussi « l’arbre monde » qu’il supporte.

Ieva Babilaité, travail papier, 2017

L’une irait davantage vers le Centre d’Art Contemporain, l’autre aurait pu figurer dans la collection Dubuffet au Musée de Lausanne. Deux démarches qui ont chacune leur cohérence, un bon savoir-faire, un certain talent de séduction, mais pour moi (qui ai mauvais goût, tout le monde le sait) sentent un peu trop les ateliers des Beaux-Arts. Deux démarches tout à fait « contemporaines » par les dates, que notre confrère-sœur Nicole Esterolle (dont le bon goût n’est plus à démontrer) admettrait peut-être dans son bien personnel Musée (imaginaire).

Au deuxième étage du Château de Carros où loge le CIAC persiste pour deux mois encore l’exposition d’hommage montrant des artistes de la Côte d’Azur qui avaient travaillé en relation avec Michel Butor. Au sujet desquels l’amie Nicole serait, je le crains, plus souvent « douteuse » comme aurait dit Jean-Luc Godard – qui dans une interview avec humour déclarait être lui « douteux ».

Marcel Alocco

Eglé & Ieva Babilaité, Twins ?

Centre International d’Art Contemporain de Carros

Du 10 février au 20 mai 2018